Ce matin à Sauveterre-de-Béarn

Le marché de Sauveterre de Béarn a eu lieu ce matin, comme tous les samedis. Le printemps nous gratifiait de sa chaleur et de sa douceur et les quelques courageux producteurs qui ont tenu la place malgré les incitations à rester chez soi ont servi les douzaines d’habitué·e·s avec leurs produits frais, de ceux qu’on ne trouve pas et qu’on ne trouvera jamais dans un supermarché. Les distances de sécurité y étaient respectées et tous les marchands portaient des gants, voire des masques. Les échanges d’argent liquide se faisaient, pour ainsi dire sans contact, chacun·e jouant le jeu de la précaution sanitaire pour assurer la continuité du marché. Afin que nous puissions, semaine après semaine, continuer de profiter de ce marché, il est important de soutenir les product·eur·rice·s en faisant savoir, par exemple au Maire de Sauveterre (ou de votre village le cas échéant) que vous désirez vous approvisionner là plutôt que risquer les files des supermarchés (ou le comble : les hypermarchés) pour des produits de moindre qualité ; au-delà de notre consommation personnelle, il s’agit évidemment de soutenir nos producteurs et notre mode de vie hors des circuits industriels. Merci de votre soutien, en ce temps de crise financière et sanitaire, il est indispensable de protéger les plus fragiles, et malheureusement, nos paysan·ne·s sont également en danger : soutenons-les !

N’étant pas des produits alimentaires, bien qu’étant des produits sanitaires, les savons de Leanne et @Sylvain étaient absents de ce marché. Quoi ? Et bien oui, les savonniers, premiers remparts contre le Coronavirus COVID-19 et les bactéries malsaines qui peuvent s’y associer pour nous clouer au lit ne sont pas autorisés par les autorités compétentes qui semblent préférer que les gens s’approvisionnent en produits sanitaires de première nécessité auprès des supermarchés bondés et insalubres, aux queues frisant la promiscuité et, par conséquent, favorisant la progression de l’infection virale ; et les profits des grandes entreprises, notamment le géant américain Johnson & Johnson (JNJ -5.76%) restent d’aplomb même lors que l’ensemble du capitalisme s’effondre[1] comme un ballon de baudruche sur-gonflé s’échappant, flatulent et inconstant, dans l’air serein de ces premiers jours de notre beau printemps béarnais. Pouvons-nous faire pression, depuis nos confinements respectifs, pour que ces produits de première nécessité soient autorisés sur les marchés ? En attendant, l’Épicerie possède un stock des bons savons de Burgaronne, aussi vous pouvez vous approvisionner ici.

J’ai croisé également à Sauveterre notre amie Manon qui est infirmière et s’occupe des personnes âgées. Elle me racontait, alors que son jeune fils profitait d’un petit pain au chocolat offert par la boulangère – comment peuvent-elle ne pas craquer face à cette boule de vie ! – que dans son établissement, plusieurs cas sont apparus, mais que le personnel ne dispose même pas de masques ! Entre la terreur du confinement et la réalité du terrain, il faut bien se rendre à l’évidence : c’est l’effort continuel de ces mêmes politiciens qui nous confinent par la répression de démanteler systématiquement les services publics et de santé qui pose aujourd’hui problème ; manque de lits, manque de personnel, manque de matériel, leurs politiques compétitives ont fragilisé nos sociétés. Et bien qu’à cela ne tienne : s’il est impératif de respecter les consignes de sécurité pour éviter la propagation du virus, nous devons également affûter nos esprits et nous organiser ensemble pour vivre le confinement le mieux possible et penser ensemble aux problématiques auxquelles nous sommes tou·te.s confronté·e·s aujourd’hui, car cette crise finira bien par s’atténuer et il reviendra à nous citoyen·ne·s de faire les prochains pas en toute intelligence et non sous la coupe des banquiers et leurs politiques d’austérité. Il nous appartient de repenser nos modes de vivre ensemble pour une plus grande solidarité !

À bientôt sur les Champs !


  1. L’indice Dow Jones des bourses américaines a connu sa pire semaine depuis la crise de 2008, chutant par tranches seulement interrompues par le déclenchement des circuits automatiques de sauvegarde des marchés. Les prix du pétrole sont en chute libre sous l’influence de l’Arabie Saoudite qui mène une guerre des prix contre les États-Unis – mais le prix à la pompe ne suit pas vraiment, l’essence devrait être encore moins chère. Malgré les relances des États (USA : 1000 milliards de dollars, France : 300 milliards d’Euro, etc.) la politique du confinement ne permet pas de remplacer les milliers de lits d’hôpitaux et le personnel soignant évincé dans les dernières années par les politiques néolibérales. ↩︎