Communiqué sur la décision du CM

Communiqué: Conseil municipal sur le devenir des platanes de la Place Royale

Hier soir le conseil municipal de Sauveterre de Béarn a abordé la question du « devenir des platanes de la Place Royale ». Par un vote de 9 sur 15, les élus ont décidé de faire faire une expertise complémentaire sur 11 platanes de la place. Une autre option, proposée par le Maire Jean Labour, consistait pourtant à faire expertiser 2 arbres uniquement et de conserver tous les autres. Celle-ci a recueilli 6 voix, dont celle du Maire. Un autre arbre de la place (le sujet 11) n’a pas été inclus dans cette nouvelle expertise, car il était déjà prévu de le supprimer, et la proposition de l’opposition que le conseil municipal puisse se prononcer aussi sur son abattage n’a pas été retenue. En revanche, la majorité a décidé d’inclure dans la nouvelle expertise, après le vote, un platane qui se trouve devant le Bar de la Mairie et qui n’avait jusqu’alors pas été expertisé.

Une vingtaine d’habitants se sont rassemblés à l’extérieur et une dizaine ont assisté au conseil municipal, une situation assez rare à Sauveterre. Une pétition du Collectif Sauve-Terre contre l’abattage des platanes, qui a recueilli à ce jour 722 signatures, a été remise au Maire, Jean Labour, dans l’après-midi. « Il convient d’écouter les gens qui se sont exprimés là-dessus, » a souligné Guy Perez, élu de l’opposition, lors du débat. « Ce sont des gens qui ne nous disent pas ‘laissez tous ces arbres’. Ce qu’ils disent, ils le disent parce que derrière ils ont aussi un expert dont l’étude a quand même une certaine pertinence.»

Il faisait référence à un rapport d’études, que le collectif avait remis aux élus lors de la réunion d’information du samedi 23 octobre. L’auteur de cette étude est un expert agréé de Jurançon, Benoît Dufrêne, membre de la Société Française Arboricole. Il a calculé la valeur du remplacement à l’identique de ces arbres adultes centenaires à 155 000 €. Son analyse est sans équivoque : « Lorsque les arbres présentent un bon état physiologique, il est généralement possible de gérer les problématiques mécaniques ainsi que les risques de dommages significatifs par des interventions diverses… La préservation des arbres existants est toujours à favoriser, car les jeunes plantations ne jouent pas le même rôle dans l’écosystème et n’apporte pas les mêmes bénéfices. »

Le collectif avait demandé une expertise complémentaire à plusieurs reprises depuis le 5 octobre, demande réitérée dans une lettre adressée aux élus hier et qui a été lue à haute voix au début de la réunion. Cette lettre faisait état des problèmes posés par l’expertise de l’entreprise ChlorophylAssistance, commanditée par la mairie. D’après cette lettre, il y a une contradiction dans le rapport entre le diagnostic - qui jugeait que l’état sanitaire et physiologique des arbres était « bon » à « excellent » - et les recommandations d’abattage, qui s’appuyaient sur leur « médiocre à mauvais état sanitaire et mécanique » (p. 14). François Chautain, élue de l’opposition, a donc pointé ces contradictions lors du débat: « Il a parlé de l’état sanitaire et physiologique, qui était à distinguer d’une certaine façon de l’état mécanique, alors que les deux états sont quand même toujours corrélés. S’il y a un problème d’état mécanique, c’est qu’il y a aussi un problème physiologique. »

Concernant la présence d’un champignon, dont l’expert avait dit qu’il était présent sur 5 arbres, elle a attiré l’attention des élus sur les contradictions dans les propos de l’expert: « A un moment il effectivement a dit que les choses allait très vite avec ce champignon, à un autre il a dit que c’était très lent. ». Elle a donc mis en garde les élus contre une décision d’abattage s’appuyant sur des données contradictoires, décision qui ne serait pas pleinement justifiée : « C’est bien d’avoir eu une expertise, il faut commencer par là, mais est-ce qu’on peut dire qu’on s’en contente pour faire des choses qui sont rédhibitoires ? Moi je dis non, parce que ca ne suffit pas. »

Le collectif, lui, se réjouit d’avoir été entendu dans sa demande d’une nouvelle expertise, mais regrette que le Conseil Municipal ait finalement adopté l’idée d’une nouvelle expertise complète, plus coûteuse pour la collectivité. Comme le souhaitait le Maire Jean Labour, un consensus aurait pu être dégagé pour conserver 9 arbres et expertiser les 2 arbres dont l’abattage avait était préconisé par le rapport de Pierre Aversenq. Le collectif déplore aussi que l’abattage de l’arbre numéro 11 n’ait pas fait l’objet d’un vote, comme l’avait proposé l’opposition. En effet, l’état sanitaire de cet arbre est satisfaisant, mais sa suppression est prévue dans le programme de requalification par le maître d’œuvre. Cela ne peut en aucun cas constituer un motif suffisant pour supprimer un arbre qui fait parti du « bien commun », et qui à ce titre est protégé par la loi.

Pour le collectif la question du choix de l’auteur de l’expertise complémentaire se pose également. Son avis doit être étayé et objectif, de manière à permettre à la municipalité de prendre la meilleure décision possible. Il doit donc être indépendant du premier expert, et le collectif suggère de le choisir en procédant à un appel d’offres pour trois experts du département, issus d’un autre groupement que l’auteur du premier rapport.

En attendant, le collectif restera très vigilant, afin de s’assurer de la préservation du système racinaire des platanes pendant les travaux, car si l’on endommage les racines dans une zone de 4 m autour du tronc, l’arbre a toutes les chances de mourir. Des racines d’arbres ont été abîmées lors des travaux qui ont démarré sur la place de l’église et une tranchée arrive déjà à moins de 3 m du platane numéro 10. Autre motif d’inquiétude : la mise en place d’un nouveau drainage est prévue à moins de 2 m de l’alignement principal de platanes. Anna Chevepayre, architecte et membres du collectif a interpellé le Maire Adjoint sur cette question après la réunion: « Si on fait ces réseaux-là, on risque de toucher les arbres. On fait les tranchées et après ça tombe tout seul, alors qu’il est possible de déplacer de 3 m. C’est un bien commun un arbre. On le coupe le jour où on voit que ça ne va pas bien, pas avant. »

Pour le moment, le maintien des platanes centenaires de la place royale n’étant pas décidé, le collectif compte bien continuer son action pour empêcher l’abattage d’arbres irremplaçables, et il restera mobilisé tout au long du processus décisionnel qui va suivre la deuxième expertise. Il est soutenu dans son initiative par le Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA), l’association A.R.B.R.E.S (qui a pour objectif la sauvegarde des arbres remarquables) et par l’APQV.

25 octobre, 2022 Le collectif Sauve-Terre