Ce lundi matin, l’un des 11 platanes centenaires de la Place Royale a été abattu à Sauveterre de Béarn. Le Collectif Sauve-Terre - qui représente plus de 750 pétitionnaires opposés à l’abattage de ces platanes - espérait que cet arbre serait maintenu. En effet, dans une expertise commanditée par la mairie au printemps dernier, il était dit qu’il avait une « forte vitalité » et son abattage n’était pas préconisé dans l’immédiat. « Nous sommes peinés du manque de considération envers la vie d’un arbre. Interloqués aussi du manque de considération d’élus envers une partie de leurs administrés, » regrette Laure Keesing, l’un des membres du collectif. « Je suis choquée de cette prise de décision pour l’esthétisme de cette place, et pour la déambulation des piétons ? Ça n’a pas de sens …, » s’indigne Nelly Sibille, un autre membre du collectif.
Lors du conseil municipal du 14 octobre, cet arbre avait été exclu de l’expertise complémentaire prévue au mois de janvier et le maire avait justifié son abattage en invoquant le permis d’aménager du 2 septembre 2021. Pourtant, les travaux avaient commencé dans les jours suivants, sans qu’il soit procédé à l’abattage. « Le collectif pensait, espérait, que la mairie avait changé d’avis pour garder cet arbre, d’où une vive émotion maintenant. Il y a aussi de l’étonnement par rapport à un chantier où les arbres faisaient manifestement l’objet d’attention de la part de l’entreprise Colas, » explique Emmanuel Périer, porte-parole du collectif.
Effectivement, l’espoir semblait permis, car la mairie s’est dotée en septembre 2018 d’un plan de développement durable, organisé notamment autour de « la préservation et la valorisation des continuités écologiques », et les arbres de la place relient le centre bourg à la zone Natura 2000 des abords du gave, bénéficiant de la plus haute protection environnementale. Elle aurait donc pu souhaiter se mettre en conformité avec une loi, certes ultérieure à son permis d’aménager, mais votée dans le contexte de l’accélération du réchauffement climatique en février dernier. Selon cette loi, les arbres en ville bénéficient désormais d’une protection renforcée et « le fait d’abattre ou de porter atteinte à un arbre ou de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit ». Seule exception à cette règle : un danger immédiat pour la sécurité des personnes ou des biens.
L’arbre 11 ne représentait pas un tel danger, mais il était dans l’emprise des travaux prévus par l’architecte, qui prévoyait, notamment, une déambulation de piétons à cet endroit. « Nous sommes tristes de voir abattre un arbre pour des raisons de commodité et souhaitons que ces pratiques soient abandonnées pour la suite de nos aménagements urbains. Au milieu des premiers frimas de l’hiver, l’année historique la plus chaude en France semble déjà oubliée. Seule compte l’idée d’un espace tout neuf qui a consommé tant de matériaux naturels et d’énergie fossile. Nous serons attentifs à rappeler aux décideurs que la valeur d’un arbre ne se compte plus en stère, » conclut Sylvain Chevallier, président de l’APQV.
Pour mémoire, dans un inventaire-diagnostic de l’ONF de 2018 portant sur l’ensemble des 167 arbres de Sauveterre, les dix platanes restants de la Place Royale étaient considérés comme étant « dans un état satisfaisant » et ne posant « aucun problème ». Aucun des 11 platanes de la place ne devait faire l’objet d’un abattage, d’après les recommandations de ce rapport. L’APQV et le Collectif restent ouverts à un dialogue avec la mairie autour du projet de requalification des places, dont ils saluent la végétalisation. Le Collectif Sauve-Terre est soutenu par l’association A.R.B.R.E.S, qui défend les arbres remarquables, et par le Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA).
Le Collectif Sauve-Terre