Les membres du collectif Sauve-Terre sont très inquiets. Quatre grandes racines d’un platane classé « arbre patrimonial » se trouvant en face de l’église de Sauveterre ont été sectionnées, mettant en danger l’arbre et pouvant compromettre sa stabilité. Cet arbre a été classé en raison de son envergure, son port et sa hauteur exceptionnels. Il se trouve sur un site aux abords d’un monument historique, où toute suppression d’arbre sain est strictement interdite.
Rappelant que l’objet de l’association APQV est la sauvegarde de l’environnement et la préservation du patrimoine, son porte-parole Sylvain Chevallier ne décolère pas: « Il y a une dizaine de jours, une tranchée technique profonde (environ 70 cm) a été réalisée à moins de 2 m de ce même platane multi-centenaire. Colas rebouchait au fur et à mesure et rien n’a pu être observé. Cette semaine, la pelleteuse s’est activée à nouveau autour du grand arbre. C’est affligeant ! »
L’entreprise Colas responsable de cette dégradation, s’est vue attribuée le marché des travaux (VRD et sol urbain) pour un montant de 577067,70 € lors du CM de décembre 2021. Le cahier des charges comprenait « une démarche environnementale ». Le maitre d’œuvre et le maître d’ouvrage ont assuré le collectif à plusieurs reprises que les racines des arbres seraient respectées pendant le chantier.
Ce n’est pas tout: côté esplanade, la butte fait l’objet d’un ragréage avec des dépôts de terre, gros galets et même vieilles pierres de taille, déversées à même les racines de ces arbres classés. Juste derrière, pour réagencer l’escalier qui descend des remparts, la pelleteuse a sévèrement rabotée la butte au droit d’un grand tilleul, également classé. « Mais comment Monsieur Pierre Roca d’Huyteza, urbaniste paysagiste de renom et maitre d’œuvre de ce projet, a t-il pu ignorer ces contraintes techniques pendant la phase de conception? Sacrifier 4 grosses racines d’un arbre remarquable pour une petite bordure en bois, c’est inadmissible! » s’indigne Monsieur Chevallier.
Interpellé dans un courrier de l’APQV, le maître d’œuvre a répondu le 3 novembre qu’il avait fait le point avec ses équipes de chantier sur les dégradations et leur avait demandé de l’alerter sur la présence de racines importantes nécessitant une modification de son projet. Il y souligne qu’il souhaite, lui aussi, le maintien des arbres « autant que faire se peut », et qu’à son avis « seul un platane, en plein dans l’axe de la nouvelle allée bordée d’arbres, doit être remplacé. »
Le chantier sur la Place Royale a démarré cette semaine, et ce platane centenaire est donc menacé d’abattage immédiat, alors que son état sanitaire et physiologique est bon. Il a été dit pendant la réunion du conseil municipal mardi 25 octobre que le maître d’œuvre avait commandé son abattage puisque c’était dans l’emprise des travaux. Pourtant sa suppression n’a pas été votée. Il a seulement été voté une expertise complémentaire sur 11 arbres, y compris ce platane. La secrétaire de mairie ayant informé les élus que sa suppression était prévue dans le projet, cet arbre a été retiré du lot après ce vote. Dans une lettre, dont le collectif a été mis en copie, les élus de l’opposition demandent au maire de bien vouloir reprendre cette délibération du 25 octobre, afin de limiter l’expertise complémentaire à trois arbres seulement, dont les deux visés par la première expertise.
De plus, la lettre fait référence à un inventaire-diagnostic de l’ONF de 2018, commandité par le Maire Jean Labour et portant sur l’ensemble des 167 arbres de Sauveterre. Dans ce rapport, 10 platanes de la Place Royale étaient considérés comme étant « dans un état satisfaisant », et il n’était émis aucune recommandation les concernant. Pour le onzième, il était simplement demandé un diagnostic approfondi dans l’année. Aucun de ces 11 arbres ne faisait l’objet d’une recommandation d’abattage.
Par conséquent, quand l’expert Pierre Aversenq (à qui la mairie a fait appel au printemps 2022) propose de renouveler l’ensemble des platanes, cela porte sur des arbres que l’ONF a jugé « sans problème majeur » quatre ans auparavant pour 10 d’entre eux. Les élus de l’opposition interrogent donc le Maire sur l’opportunité d’avoir commandité une nouvelle expertise : « On peut se demander pourquoi vous avez commandité une expertise 4 ans après ce diagnostic complet de l’ONF et pourquoi vous avez porté celle-ci à la connaissance des élus juste avant le démarrage des travaux, si ce n’est pour justifier l’abattage en vue du chantier de requalification des places. Étant donné les conclusions de l’ONF, une expertise portant sur le sujet numéro 11 (n°23 pour l’ONF) aurait suffi, » écrivent-ils.
Devant les dégradations subies par les grands arbres patrimoniaux sur site classé et les menaces qui continuent à peser sur les 11 platanes de la Place Royale, le Collectif et l’APQV souhaitent obtenir des garanties réelles sur le maintien de ces arbres et donc sur les précautions qui devront être prises au cours de ce chantier pour ne pas porter atteinte à leurs racines. « Il y aura peut-être des adaptations souples du projet à la présence des platanes et des modifications budgétaires sûrement raisonnables, » explique Emmanuel Périer, porte-parole du collectif, « mais, après tout, ces arbres centenaires le méritent bien et les habitants aussi. »
03 novembre, 2022 Le Collectif Sauve-Terre
