Interdiction des marchés : pas à Sauveterre!

Pardonne-moi @Michel si j’ai pris ton message trop personnellement.

Si le meilleur moyen de défendre est d’aller au marché, alors oui, allons au marché ! Mais ce « drive » est un ersatz de marché qui ne répond ni aux attentes des product·eur·rice·s ni à celles des habitués des marchés, d’ailleurs tu le dis toi-même en y allant « à pied parce qu’il ne faut pas exagérer. » En effet ! Pour moi l’exagération vient de l’imposition de normes subitement contraignantes plus qu’elles ne devraient l’être. Une fois de plus ces restrictions ne touchent pas ceux qui les imposent et partent du principe que nous – act·eur·rice·s du marché, vendeu·r·se·s et acheteu·r·se·s – sommes incapables de prendre nos précautions ni de faire les choses en adultes responsables.

Cette attitude représente un motif historique qui a mortifié l’évolution humaine depuis les gynécides de la Renaissance jusqu’aux guerres mondiales en passant par les génocides coloniaux et l’industrialisation meurtrière : partout où la chrématistique[1] règne, la vie s’éteint. Il me semble que le moment pédagogique est là, présentement, car si la majorité se plie sans ciller aux injonctions contradictoires d’un pouvoir déliquescent voué à la course en avant de l’enrichissement à tout prix, j’ai bien peur que sans réflexion, sans esprit critique, sans retour à une notion de l’économie qui replace au centre de ses préoccupations le rapport à la vie et au bien-être de la communauté, tout repartira bien pire qu’avant. Or la réflexion commence par le refus : le refus de la normalité comme le refus de la normalisation de la peur. Car dans tous les cas, ce sont bien des humains qui, à un moment ou un autre, prennent le risque de sortir, s’exposent pour nourrir ou soigner les autres : si ce n’est toi, c’est donc ta sœur. Si nous pouvons rester cloîtré·e·s, nous ne serons jamais tant invisibles que celleux qui n’ont pas cette chance.


  1. La chrématistique est l’art de s’enrichir, d’acquérir des richesses. Elle s’oppose à la notion d’économie (de oïkos , la maison donc la communauté au sens élargi, et nomia , la règle, la norme) qui désigne, elle, la norme de conduite du bien-être de la communauté , ou maison au sens très élargi du terme. (Wikipedia)

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